Thursday, July 16, 2015

Écriture/Violence (Blanchot, Artaud)





Qorpo Santo: Interpretações (1887);
Phillipe Sollers évoque Louis-Ferdinand Céline (Livres & Vous, Le Petit Celinien/Youtube, 2018);
Michel Haneke: Le Monde Montrable est Noir [I took this video out of Youtube, because I wanted to change it];

"On ne peut rien précipiter. Il faut qu'il croisse naturellement, ce Grand Oeuvre, qu'il pousse, et s'il lui arrive un jour de parvenir à maturité, alors tant mieux."
Paul Klee (traduction par Pierre-Henri Gonthier)
"Quanto a ti, já reparaste como o mundo parece feito de pontas e arestas? Já chamei tua atenção para a escassez de contornos mansos nas coisas? Tudo é duro e fere."
Caio Fernando Abreu
"Somos dois seres e nos encontramos no infinito... pela última vez nesse mundo."
Chatov (translation into Portuguese by Paulo Bezerra)
"Il y aurait du reste beaucoup à discuter ce mot de fausseté. L'univers est vrai pour nous tous et dissemblable pour chacun."
Marcel Proust (le narrateur, La Prisonnière)
"... nerve's systematic operation, blood's circulation... the automatic minimum is two."
John Cage (Experimental Music: Doctrine)
"... autrui n'est personne, ni sujet ni objet. Il y a plusieurs sujets parce qu'il y a autrui, non pas l'inverse."
Deleuze & Guattari (Qu'est-ce que la philosophie?)
"... la violence a deux sens très différents: 'quand on parle de violence de la peinture, cela n'a rien à voir avec la violence de la guerre'. À la violence du représenté (le sensationnel, le cliché) s'oppose la violence de la sensation."
Deleuze (Logique de la sensation)
"... loin d'assurer la responsabilité, la généralité de l'éthique pousse à l'irresponsabilité. Elle entraîne à parler, à répondre, à rendre compte, donc à dissoudre ma singularité dans l'élément du concept."
Jacques Derrida (Donner la mort)
"Nietzsche s'est bien gardé de la dénégation précipitée  qui consisterait à élever un discours simples contre la castration et contre son système."
Jacques Derrida (Éperons) 
"... das Christentum hat jedem Ehrfurchts- und Distanz-Gefühl zwischen Mensch und Mensch, das heisst der Voraussetzung zu jeder Erhöhung, zu jedem Wachstum der Kultur einen Todkrieg aus den heimlichsten Winkeln schlechter Instinkte gemacht..."
Nietzsche (Der Antichrist)
"The fear is a gift... And his absence is much worse than his presence."
James St. James

"Oui, je peux l'écrire, et c'est sans doute cela ma folie..."
Hervé Guibert
"Por meio do malogro da voz, depois de ter construído uma escritura..."
Olga de Sá
"E quando estranho a palavra aí é que ela alcança o sentido. E quando estranho a vida aí é que começa a vida."
Clarice Lispector (Água Viva)
"Era no ponto de realidade resistente das duas naturezas que esperavas que nos entendêssemos: minha ferocidade e a tua não deveriam se trocar por doçura."
Professor de Matemática (Laços de Família)
"... parecia aceitar que da flor saísse o mosquito, que as vitórias-régias boiassem no escuro do lago."
Narrador (Amor)

"Continuou entre a cozinha e o terraço dos fundos, usando suas duas capacidades: a de apatia e a do sobressalto."
Narrador (Uma Galinha)
"Sobreviver chama-se manter luta contra a vida que é mortal. Ser uma galinha é isso. A galinha tem o ar constrangido."
Narrador (O Ovo e a Galinha)
"Eu não sabia sequer onde cabia tanto terror numa coisa que era só penas."
Narrador (A Legião Estrangeira)

"Il faut qu'une image se transforme au contact d'autres images comme un couleur au contact d'autres couleurs. Un bleu n'est pas le même bleu à côté d'un vert, d'un jaune, d'un rouge."
"Choses rendues plus visibles non par plus de lumière, mais par l'angle neuf sous lequel je les regarde."
"Si un son est le complément obligatoire d'une image, donner la prépondérance soit au son, soit à l'image. À égalité, ils se nuisent ou se tuent... qu'ils travaillent chacun à leur tour par une sorte de relais."
"L'oeil sollicité seul rend l'oreille impatiente, l'oreille sollicitée seule rend l'oeil impatient. Utiliser ces impatiences."
Robert Bresson

"L'exemple de l'effroi vient-il par hasard? L'origine métaphorique du langage ne nous ramène-t-elle pas nécessairement à une situation de menace, de détresse et de déréliction, à une solitude archaïque, à l'angoise de la dispersion? La peur absolue serait alors la première rencontre de l'autre comme autre: comme autre que moi et comme autre que soi-même. Je ne peux répondre à la menace de l'autre comme autre (que moi) qu'en le transformant en autre (que soi-même), en l'altérant dans mon imagination, ma peur ou mon désir, «Un homme sauvage en rencontrant d'autres se sera d'abord effrayé. » L'effroi serait donc la première passion, la face d'erreur de la pitié dont nous parlions plus haut."
"A aucun moment, on ne contestera donc Rousseau et Lévi-Strauss lorsqu'ils lient le pouvoir de l'écriture à l'exercice de la violence. Mais en radicalisant ce thème, en cessant de considérer cette violence comme dérivée au regard d'une parole naturellement innocente, on fait virer tout le sens d'une proposition — l'unité de la violence et de l'écriture — qu'il faut donc se garder d'abstraire et d'isoler."
"... si nous ne souscrivons aux déclarations de Lévi-Strauss quant à l'innocence et à la bonté des Nambikwara, quant à leur 'immense gentillesse', il ne s'ensuit pas que nous ajoutions foi aux descriptions moralisantes de l'ethnographe américain déplorant à l'inverse la haine, la hargne et l'incivilité des indigènes. En réalité ces deux relations s'opposent symétriquement, elles ont la même mesure, et s'ordonnent autour d'un seul et même axe."
Derrida (De la grammatologie)

" Le théâtre contemporain est en décadence parce qu'il a perdu le sentiment d'un côté du sérieux et de l'autre du rire. Parce qu'il a rompu avec la gravité, avec l'efficacité immédiate et pernicieuse, — et pour tout dire avec le Danger."
A. Artaud (La mise en scène et la métaphysique)
"Avec cette manie de tout rabaisser qui nous appartient aujourd'hui à tous, 'cruauté', quand j'ai prononcé ce mot, a tout de suite voulu dire 'sang' pour tout le monde. Mais 'théâtre de la cruauté' veut dire théâtre difficile et cruel d'abord pour moi-même... il ne s'agit pas de cette cruauté que nous pouvons exercer les uns contre les autres en nous dépeçant mutuellement les corps, en sciant nos anatomies personnelles... Et le ciel peut encore nous tomber sur la tête. Et le théâtre est fait pour nous apprendre d'abord cela."
"Tout dépend de la façon et de la pureté avec laquelle les choses sont faites. Il y a un risque. Mais qu'on n'oublie pas qu'un geste de théâtre enseigne justement l'inutilité de l'action qui une fois faite n'est plus à faire, et l'utilité supérieure de l'état inutilisé par l'action mais qui, retourné, produit la sublimation."
A. Artaud (En finir avec les chefs-d'oeuvre)
"Tous ce qui agit est une cruauté."
"Il ne s'agit pas de supprimer la parole articulée, mais de donner aux mots à peu près l'importance qu'ils ont dans les rêves."
"... l'amas de tous les gestes impulsifs, de toutes les attitudes manquées, de tous les lapsus de l'esprit et de la langue, par lesquels se manifeste ce que l'on pourrait appeler les impuissances de la parole, et il y a là une richesse d'expression prodigieuse..."
A. Artaud (Le théâtre de la cruauté)
"Pas de cruauté sans conscience, sans une sorte de conscience appliquée."
"J'emploie le mot de cruauté dans le sens d'appétit de vie, de rigueur cosmique et de nécessité implacable, dans le sens gnostique de tourbillon de vie qui dévore les ténèbres..."
"... la mort est cruauté, la résurrection est cruauté, la transfiguration est cruauté, puisque en tous sens et dans un monde circulaire et clos il n'y a pas de place pour la vraie mort, qu'une ascension est un déchirement, que l'espace clos est nourri de vies, et que chaque vie plus forte passe à travers les autres, donc les mange dans un massacre qui est une transfiguration et un bien."
"Le bien est toujours sur la face externe mais la face interne est un mal."
A. Artaud (Lettres sur la cruauté)
"... la vie, métaphysiquement parlant et parce qu'elle admet l'étendue, l'épaisseur, l'alourdissement et la matière, admet, par conséquence directe, le mal et tout ce qui est inhérent au mal, à l'espace, à l'étendue et a la matière."
A. Artaud (Lettres sur le langage)
"... je me rendis compte que s'il y a un sentiment qui, à ce sujet, peut leur être étranger, c'est bien la peur, mais que, par contre, ce mot éveille chez eux le sens du sacré d'une manière que la conscience européenne ne connaît plus..."
A. Artaud (Le Rite du Peyotl chez les Tarahumaras)

"O meu dissídio com Deus produziu-se no dia 13 de setembro de 1912. Foi aí que, tendo regressado da Europa e descido no Rio, vim pelo trem noturno e desembarquei na Estação da Luz por uma manhã molhada de primavera precoce. A maneira por que um grupo de amigos e familiares me rodeou e abraçou me fez preceber que alguma coisa muito grave se tinha passado. De fato, minha mãe não existia mais. Tinha falecido apenas alguns dias antes. Seis dias. Sem poder ao menos esperar o meu regresso... Estava eu, de novo, diante do velho oratório doméstico, com suas fulgurações de prata e os cabelos soltos dum Cristo de paixão, entre imagens de santos de todos os tamanhos. E sentia, desta vez, muito bem, que aquilo era uma célula vazia de significação e muito pouco digna de respeito. Por trás do oratório não existia nada. A parede, em vez do céu prometido. Nenhuma ligação metafísica unia aquelas figurações baratas a um império supraterreno. Nada, nada, nada. Não tinha chegado eu ainda às convicções que hoje mantenho, como conquista espiritual da Antropofagia, de que Deus existe como o adversário do homem, idéia que encontrei formulada em dois escritores que considero ambos teólogos — Kierkegaard e Proudhon. São dois estudiosos da adversidade metafísica que se avizinham da formulação do conceito do primitivo sobre Deus, que é afinal o tabu, o limite, o contra, que as religiões todas tentam aplacar com seus ritos e sacrifícios."
Oswald de Andrade (Homem sem Profissão)

"Mando para você uma foto de um trabalho que chamo de Baba antropofágica. Uma pessoa se deita no chão. Em volta os jovens que estão ajoelhados põem na boca um carretel de linha de várias cores. Começam a tirar com a mão a linha que cai sobre a deitada até esvaziar o carretel. A linha sai plena de saliva e as pessoas que tiram a linha começam por sentir simplesmente que estão tirando um fio, mas em seguida vem a percepção de que estão tirando o próprio ventre para fora. É a fantasmática do corpo, aliás, o que me interessa, e não o corpo em si." 
Lygia Clark (carta a Hélio Oiticica)
"... essa do linha-ventre/ out-saliva-o corpo do outro deitado-morcellement-baba e a quebra da baba, que gera agressividade e sofrimento como que extensões que cresceram e que quebrá-las envolve um despedaçar do próprio corpo é genial: as maiores coisas que já vi e dá uma dimensão incrível em toda essa dialética/ descoberta/ etc. do corpo em sua obra e no todo mundial (que é nada comparado com você). Isso me alegra pois agiu como uma descoberta como deve ser e não uma descriçãozinha factual de uma experiência coletiva: a expressão verbal e escrita da coisa importa mais que nunca. Não basta o factual: isso e aquilo; as palavras e a escolha dos termos e a construção (como num poema) é que dão a dimensão ao relato da coisa."
Hélio Oiticica (carta a Lygia Clark)

"Perhaps I have opened the wrong door and at any moment The Man In Possession, The Owner Who Got There First will rush in and scream: 'What Are You Doing Here? Who Are You?' And I don't know what I am doing there nor who I am. I decide to play it cool and maybe I will get the orientation before the Owner shows... So instead of yealling Where Am I? cool it and look around and you will find out approximately... You were not there for The Beginning. You will not be there for The End... Your knowledge of what is going on can only be superficial and relative... There is only one thing a writer can write about: what is in front of his senses at the moment of writing... I am a recording instrument... I do not presume to impose 'story' 'plot' 'continuity'... Insofar as I suceed in Direct recording of certain areas of psychic process I may have limited function... I am not a entertainer..."
William S. Burroughs
"Mais alors, n'est-ce pas que ces éléments, tout ce résidu réel que nous sommes obligés de garder pour nous-mêmes, que la causerie ne peut transmettre même de l'ami à l'ami, du maître au disciple, de l'amant à la maîtresse, cet ineffable qui différencie qualitativement ce que chacun  a senti et qu'il est obligé de laisser au seuil des phrases où il ne peut communiquer avec autrui qu'en se limitant à des points extérieurs communs à tous et sans intérêt, l'art, l'art d'un Vinteuil comme celui d'un Elstir, le fait apparaître, extériorisant dans les couleurs du spectre la composition intime de ces mondes que nous appelons les individus, et que sans l'art nous ne connaîtrons jamais? Des ailes, un autre appareil respiratoire, et qui nous permissent de traverser l'immensité, ne nous serviraient à rien. Car si nous allions dans Mars et dans Vénus en gardant les mêmes sens, ils revêtiraient du même aspect que les choses de la Terre tout ce que nous pourrions voir..."
Marcel Proust (le narrateur, La Prisonnière)

"In der Reihe der Spleen-Gedichte steht 'Le gout du neant', wo es heißt 'Le Printemps adorable a perdu son odeur!' In dieser Zeile sagt Baudelaire ein Außerstes mit der äußersten Diskretion; das macht sie unverwechselbar zu der seinigen. Das Insichzusammengesunkensein der Erfahrung, an der er früher einmal teilgehabt hat, ist in dem Worte perdu einbekannt. Der Geruch ist das unzugängliche Refugium der memoire involontaire. Schwerlich assoziiert er sich einer Gesichtsvorstellung; unter den Sinneseindrücken wird er sich nur dem gleichen Geruch gesellen. Wenn dem Wiedererkennen eines Dufts vor jeder anderen Erinnerung das Vorrecht zu trösten eignet, so ist es vielleicht, weil diese das Bewußtsein des Zeitverlaufs tief betäubt. Ein Duft läßt Jahre in dem Dufte, den er erinnert, untergehen. Das macht diesen Vers von Baudelaire zu einem unergründlich trostlosen. Für den, der keine Erfahrung mehr machen kann, gibt es keinen Trost. Es ist aber nichts anderes als dieses Unvermögen, was das eigentliche Wesen des Zornes ausmacht. Der Zornige will nichts hören; sein Urbild Timon wütet gegen die Menschen ohne Unterschied; er ist nicht mehr im Stande, den erprobten Freund von dem Todfeind zu unterscheiden..."
Walter Benjamin (Über einige Motive bei Baudelaire)
**************************************************************

It is important to clear this point: when Blanchot says that "Écrire... est la violence la plus grande" (L'Entretien, p. VIII), this clearly would NOT serve as an apology for the acts of vulgar brutality and sheer stupidity that now hold sway of the political domain: all the anarchist fuss against capitalism, for instance (but also terrorism and counter-terrorism as state of exception).

Only through painstaking writing (but not necessarily with a pen or a keyboard, and it relates to reading), one can truly break up with "la totalité des concepts qui fonde l'histoire.

More to the end of L'Entretien, Blanchot quotes Artaud: "le vrai théâtre... pousse à une sorte de révolte virtuelle et qui ne peut avoir son prix que si elle demeure virtuelle" (p. 435). What is really worth of for Blanchotthe most fascinating and the most dangerous, is still l'espace littéraire: "la poésie entendue comme espace, l'espace non pas des mots, mais de leurs rapports, qui toujours les précède et, quoique donné en eux, est leur suspens mouvant, l'apparence de leur disparition... l'idée de l'image et de l'ombre, du double et de l'absence, plus réelle que la presence." This is the greater violence, and it has nothing to do with what we ordinarily understand by "violence." 

There is no vulgar brutality and sheer stupidity in a writer such as Blanchot (the same should be said about Derrida***), although you will perhaps find that in the sayings of people who polemicize against him. Concerning l'esprit de flamme, Blanchot's true affinities lie with people like Hölderlin, Rimbaud, Héraclite and Jacob Boehme—with whom he aligns Artaud (L'Entretien p. 438). He defends the "practico-inerte" that Sartre condems (p. 441; cf. L'Écriture du désastre p. 182, 209). 

***"[On] ne cède pas... à l'opportunisme ou au cynisme de l'antidémocrate qui cache son jeu. Tout au contraire: on garde son droit indéfini à la question, à la critique, à la déconstruction (droits garantis, en principe, par toute démocratie: pas de déconstruction sans démocratie, pas de démocratie sans déconstruction)" (Politiques de l'Amitié). About Blanchot: "il n'y a aucun goût pour le vide ou pour la destruction chez quiconque fait droit à cette necessité d'évider toujours davantage et de déconstruire des réponses philosophiques qui consistent à totaliser, à combler l'espace de la question ou à en dénier la possibilité, à fuir cella même qu'elle aura permis d'entrevoir" (Spectres de Marx).  

See also:
Georges Bataille et la part maudite
- What is the meaning of sacer in Homo Sacer?
- L'articulation (II) (responsabilité & au de la de l'être);
L'articulation (I) (non-origine, excès & dehors)
- Parler est une chose grave (la légèreté même);
- Copie conforme: profondeur plat-parlante du reflet;
- ... Communauté Élective;
- view from Berthe Trépat's apartment;

No comments:

Post a Comment

Leave your comments below: